impact environnemental
3 juil. 2024
L'urgence climatique et le rôle des énergies renouvelables
Le réchauffement climatique est l'un des plus grands défis auxquels l'humanité est confrontée. Causé principalement par les émissions de gaz à effet de serre liées aux activités humaines, il entraîne déjà des conséquences majeures à travers le monde : augmentation des températures, événements météorologiques extrêmes, montée du niveau des mers... Pour limiter le réchauffement bien en dessous de 2°C comme le prévoit l'Accord de Paris, il est urgent de réduire drastiquement nos émissions de CO2. Dans ce contexte, les énergies renouvelables comme le solaire ont un rôle crucial à jouer pour décarboner notre production d'électricité et remplacer les énergies fossiles émettrices de gaz à effet de serre. Leur part dans le mix énergétique mondial ne cesse de croître : elle pourrait atteindre 85% en 2050 selon l'Agence Internationale de l'Énergie.
I. Le solaire photovoltaïque, une énergie verte à faible empreinte carbone
A. Fonctionnement et composants d'un panneau solaire photovoltaïque
Un panneau solaire photovoltaïque convertit directement le rayonnement du soleil en électricité grâce à l'effet photovoltaïque. Lorsque la lumière frappe les cellules en silicium du panneau, elle libère des électrons et crée un courant électrique continu. Un onduleur transforme ensuite ce courant en courant alternatif utilisable sur le réseau électrique. Les principaux composants d'un module photovoltaïque sont :
Les cellules solaires en silicium cristallin qui captent la lumière
Une plaque de verre qui protège les cellules
Un cadre en aluminium pour la structure
Des câbles et boîtes de jonction pour le raccordement électrique
B. Analyse du cycle de vie et empreinte carbone d'un panneau
Comme tout produit industriel, un panneau solaire génère des émissions de gaz à effet de serre lors de sa fabrication, principalement liées à l'extraction des matières premières et à la consommation d'énergie des usines. Cependant, sur l'ensemble de son cycle de vie, son bilan carbone est très positif. Une étude de l'ADEME montre qu'un panneau photovoltaïque installé en France "rembourse" sa dette carbone en 2 à 3 ans seulement. Sur une durée de vie de 30 ans, il produira environ 30 fois plus d'énergie qu'il n'en aura fallu pour le fabriquer.
De plus, l'électricité solaire émet en moyenne 20 fois moins de CO2 que l'électricité produite à partir de charbon, 10 fois moins que le gaz, et même 2 à 6 fois moins que le nucléaire, si l'on prend en compte l'ensemble du cycle de vie. Chaque kilowattheure d'origine solaire qui remplace une énergie fossile contribue donc à réduire significativement les émissions.
C. Progrès constants pour réduire encore l'impact environnemental
La filière solaire photovoltaïque ne cesse d'améliorer sa performance environnementale. Le rendement des panneaux augmente régulièrement, permettant de produire plus d'électricité sur une même surface. Leur durée de vie s'allonge également, dépassant souvent 30 ans. Côté fabrication, les progrès portent sur plusieurs points :
Utilisation croissante d'électricité renouvelable dans les usines de panneaux
Réduction de la quantité de matériaux utilisés par watt produit
Développement de cellules à haut rendement et de technologies innovantes
Amélioration de la recyclabilité des panneaux en fin de vie
Tous ces progrès contribuent à réduire encore l'empreinte carbone et environnementale déjà faible du solaire photovoltaïque. Des recherches sont également en cours pour substituer les matériaux les plus énergivores et développer des panneaux solaires organiques ou à base de pérovskites.
II. Le déploiement massif du solaire, indispensable pour tenir les objectifs climatiques
A. Scénarios et préconisations des experts du GIEC
Le GIEC, groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, publie régulièrement des rapports de référence sur le changement climatique. Ses travaux montrent que pour limiter le réchauffement à 1,5°C, les émissions mondiales de CO2 devront atteindre la neutralité carbone dès 2050. Cela implique de décarboner en profondeur tous les secteurs, en particulier celui de la production d’électricité.
Dans tous les scénarios compatibles avec cet objectif, les énergies renouvelables comme le solaire et l'éolien connaissent une croissance exponentielle et fournissent la majeure partie de l'électricité en 2050. Le solaire photovoltaïque pourrait ainsi représenter 30 à 50% de la production mondiale selon les trajectoires. Pour y parvenir, il faudra installer chaque année des centaines de gigawatts de nouvelles capacités solaires.
B. Contribution attendue du solaire en France d'ici 2050
En France, la Programmation Pluriannuelle de l'Énergie (PPE) fixe des objectifs ambitieux de développement des énergies renouvelables. Pour le solaire, elle vise environ 40 GW de puissance installée en 2028, contre un peu plus de 10 GW aujourd'hui. À plus long terme, le gestionnaire du réseau électrique RTE a étudié différents scénarios possibles pour atteindre la neutralité carbone en 2050.
Dans ces scénarios, la part du solaire dans la production d'électricité grimpe jusqu'à 15-25% en 2050, avec une puissance installée de 70 à 200 GW. Cela permettrait d'éviter l'émission de plusieurs dizaines de millions de tonnes de CO2 chaque année par rapport à un mix électrique fossile. Le solaire jouera donc un rôle majeur dans la transition énergétique française et l'atteinte des objectifs climat.
C. Bénéfices environnementaux et climatiques au-delà de la réduction des GES
Au-delà de la lutte contre le changement climatique, le développement du solaire photovoltaïque présente de nombreux bénéfices environnementaux. Contrairement aux centrales charbon et gaz, les panneaux ne rejettent aucun polluant atmosphérique comme les oxydes d'azote, le dioxyde de soufre ou les particules fines. Leur utilisation contribue donc à améliorer la qualité de l'air et la santé publique.
De plus, chaque kilowattheure solaire produit localement est un kilowattheure qui n'a pas besoin d'être importé depuis des centrales fossiles. Le solaire renforce ainsi l'indépendance énergétique des territoires et réduit les risques géopolitiques liés aux importations d'énergies carbonées. Déployé de façon décentralisée, il améliore aussi la résilience du réseau électrique face aux aléas climatiques qui peuvent affecter les moyens de production centralisés.
III. Les défis à relever pour un développement responsable et durable du solaire
A. Maîtriser l'impact sur les sols et la biodiversité des grandes centrales au sol
Le développement du solaire photovoltaïque soulève parfois des inquiétudes concernant l'utilisation des sols, notamment pour les grandes centrales au sol. Mal conçus, ces projets peuvent en effet conduire à l'abattage de forêts ou à l'artificialisation de terres agricoles. Mais de nombreuses solutions existent pour un développement harmonieux et durable du solaire.
Tout d'abord, il est essentiel de privilégier autant que possible l'installation sur toitures, parkings ou friches industrielles. Le gisement est immense et ne consomme pas d'espaces naturels supplémentaires. Lorsque des parcs au sol sont nécessaires, il faut les concevoir de façon à préserver la biodiversité locale : éviter les zones sensibles, maintenir ou créer des habitats pour la faune et la flore, entretenir une végétation diversifiée sous les panneaux...
L'agrivoltaïsme est également une piste prometteuse pour concilier production d'électricité et activité agricole sur un même terrain. Des panneaux surélevés et espacés peuvent par exemple protéger des cultures ou des animaux, tout en leur laissant suffisamment de lumière pour se développer. De nombreux projets expérimentent ces synergies vertueuses entre agriculture et énergie solaire.
B. Assurer une gestion responsable des panneaux solaires en fin de vie
Avec la croissance rapide du parc solaire mondial, la question du devenir des panneaux usagés devient de plus en plus prégnante. Comme tout équipement électrique, ils doivent être collectés et recyclés en fin de vie pour récupérer les matériaux valorisables et éviter tout impact environnemental. C'est d'autant plus important que certains composants comme le verre ou l'aluminium sont facilement recyclables.
En Europe, les fabricants ont l'obligation de financer la reprise et le traitement des panneaux photovoltaïques dans le cadre de la directive sur les déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE). Des éco-organismes sont chargés d'organiser la collecte et d'atteindre des taux élevés de recyclage. La recherche progresse également pour améliorer les procédés de recyclage et récupérer les matériaux plus difficiles à extraire comme le silicium.
Parallèlement, les industriels travaillent dès la conception des panneaux pour faciliter leur démantèlement et leur recyclage ultérieur. L'écoconception vise ainsi à réduire le nombre de composants et de matériaux différents, à éviter les substances dangereuses, et à rendre le désassemblage plus aisé. Tous ces efforts contribueront à faire du solaire photovoltaïque une énergie plus circulaire et durable sur l'ensemble de son cycle de vie.
C. Soutenir la recherche et l'innovation pour des panneaux plus écologiques
Pour amplifier encore les bénéfices environnementaux du solaire photovoltaïque, il est crucial de poursuivre les efforts de recherche et d'innovation. Un axe majeur est l'augmentation du rendement des cellules solaires, afin de produire plus d'électricité sur une même surface. Des technologies à haut rendement comme l'hétérojonction silicium ou les multi-jonctions permettent déjà de dépasser les 25% de rendement, contre 15-20% pour les cellules standard.
Autre piste : le développement de cellules solaires utilisant moins de matériaux, voire des matériaux plus abondants et moins énergivores à produire que le silicium. Les cellules en couches minces de type CIGS ou CdTe en sont un bon exemple. Des recherches portent également sur les cellules solaires organiques, utilisant des polymères ou petites molécules, ou encore les cellules à base de pérovskites. Même si leur rendement est encore inférieur au silicium, ces technologies ouvrent la voie à des panneaux solaires potentiellement plus légers, flexibles et écologiques.
Conclusion : Le solaire, un pilier de la transition énergétique bas carbone
Le solaire photovoltaïque présente des atouts environnementaux indéniables pour lutter contre le changement climatique et réduire notre dépendance aux énergies fossiles. Avec une empreinte carbone très faible sur l'ensemble de son cycle de vie, il permet de produire une électricité renouvelable et décarbonée, tout en offrant de nombreux bénéfices en termes de qualité de l'air, d'indépendance énergétique et de résilience du réseau.
Pour tenir les objectifs de l'Accord de Paris, un déploiement massif du solaire est indispensable, comme le soulignent les experts du GIEC et les scénarios énergétiques. Cela représente une opportunité considérable de développement économique et d'emplois dans les territoires. Mais cette croissance devra se faire de façon maîtrisée et responsable, en portant une attention particulière à l'utilisation des sols, au recyclage des panneaux, et au développement de technologies toujours plus performantes et durables.
Chacun peut agir à son échelle pour soutenir l'essor du solaire photovoltaïque, que ce soit en installant des panneaux sur son toit, en favorisant un fournisseur d'électricité verte, ou en soutenant des projets citoyens. Face à l'urgence du changement climatique, le solaire est assurément l'une des solutions d'avenir pour construire un modèle énergétique plus propre et plus juste.